Un peu d’histoire…
Un premier sanctuaire fut établi dès 1240. La construction d’une chapelle dédiée à saint Martin et saint Lambert fut édifiée en 1422. Vers 1599, le seul titulaire renseigné est saint Lambert. Quatre siècles plus tard, on retrouve des traces de l’église dans des documents à partir de 1855.
En cette année, le conseil de fabrique estime qu’il y a lieu d’effectuer des travaux non seulement à l’église mais aussi au presbytère et aux murs du cimetière. L’architecte provincial Cordonnier va établir un devis qui va inquiéter les responsables communaux qui vont négocier pendant 2,5 ans pour passer à l’adjudication publique. Les travaux doivent être terminés pour le 15 novembre 1858. Pour différentes raisons, l’entrepreneur ne fut capable d’assurer la réception des travaux que le 30 avril 1860. Le 26 novembre 1865, le conseil communal va demander l’agrandissement de l’église car certains jours plus d’un tiers des fidèles doivent rester dehors. L’architecte Vandewyngaert vient à Villers le 09 mai 1866 pour l’établissement d’un jubé, la restauration de l’église et le déblaiement du devant de l’église. Au mois de novembre de la même année, l’administration communale constate que le conseil de fabrique n’est pas disposé à participer à la dépense. La commune décide alors l’ajournement des travaux. En février 1878, le conseil de fabrique constate 3 fortes lézardes, que les eaux de pluie s’infiltrent et que des parties du plafond s’effondrent. Il demande une solution rapide (une reconstruction totale de l’église) car les habitants de Lutremange veulent se soustraire aux dépenses à faire en tentant d’obtenir une chapelle et un vicaire à Lutremange. Suite au rapport d’un expert estimant que les dégâts ne sont pas si graves que cela, le conseil communal décide le 16 avril 1878 que les travaux de restauration seront exécutés tant à l’église qu’à la sacristie. Le commissaire d’arrondissement émet un avis favorable et informe le gouverneur ce même mois mais les choses en restèrent là.
En 1888, le conseil communal transmet une nouvelle demande au gouverneur pour la restauration de l’église. L’architecte Cupper constate au mois de mai 1888 qu’il est impossible de restaurer l’édifice. Il suggère la reconstruction. En décembre 1889, le conseil se jette à l’eau et sollicite l’autorisation royale pour pouvoir démolir l’église existante jusqu’au clocher et le reconstruire agrandie au même emplacement. L’année 1890 s’achève sans que les travaux aient débutés.
En 1891, après délibération plutôt surprenante, le conseil communal réclame une église neuve sur un autre emplacement (on revenait 10 ans en arrière !!). Cette année sera consacrée uniquement à un tas de problèmes administratifs. L’adjudication aura lieu le 30 août 1892 avec fin des travaux pour le 30 novembre 1893. Alors que les travaux de déblaiements sont presque terminés, le conseil communal décide d’abandonner l’emplacement pour un autre. Après étude détaillée des 2 emplacements, la députation permanente confirme l’emplacement initial. Dès 1896, l’autorisation de démolir l’ancienne église est accordée. Le 26 mai 1921, la foudre frappe l’église pour la troisième fois. Le curé est renversé dans son bureau, 5 enfants assis sur le seuil de l’église échappent à la mort, tout le circuit électrique est grillé, des ardoises, du zingage, des verrières sont démolis. Heureusement l’assurance va couvrir toutes les dépenses et tout sera réparé. En 1921 aussi, le chemin de croix actuel fut réalisé. Des petits autels furent placés pour Pâques 1929 et le grand autel pour la première messe de l’abbé Fontaine le 29 juillet 1930. Les vitraux de la sainte famille et de saint Hubert furent placés en janvier 1929 et ceux des disciples d’Emmaüs et de l’Assomption en juin 1930. L’église à peine âgée de 41 ans fut complètement sinistrée en décembre 1944. Le village de Villers fut au centre d’une des zones les plus bombardées. L’abbé Bertin raconte : « l’église à elle seule a reçu 60 obus dans les murs principaux et combien d’autres sur son clocher qui finalement s’est écroulé sous l’avalanche ». Curé de 1945 à 1955, l’abbé Legrand va préconiser la reconstruction de l’église de Lutremange ( vu la destruction complète du presbytère et de l’église de Villers, vu que le gros de la population réside à Lutremange, vu que l’école se trouve à Lutremange et qu’il ne reste qu’un seul enfant à Villers). Comme au siècle précédent, l’évêché répond par la négative. L’église pratiquement sans fenêtres (le vin gelait dans le calice par grand froid) avec un toit en roofing puis en tôles, resta dans le même état jusqu’au début de l’hiver 1952. Les offices étaient célébrés dans un baraquement remis en état par les jeunes filles de la paroisse.
Il fallut plus de 40 ans après la fin de la guerre pour que l’église soit enfin dotée de nouveaux vitraux (05 décembre 1985). Les vitraux dans le chœur sont dessinés par Blank de Raeren et réalisés par Jean-Marie Pirotte de Beaufays. Ils représentent les 5 mystères joyeux, les 5 mystères douloureux et les 5 mystères glorieux. Le tabernacle fut volé pendant la guerre. Retrouvé fracturé dans le pré derrière l’église, le ciboire volé et les hosties disséminées dans l’herbe, Il fut replacé dans l’église avec une plaque métallique soudée en dessous. Les statues de st Lambert (patron de l’église), ste Barbe (17e siècle), st Urbain (protection des moissons), st Nicolas (18e siècle) proviennent de la chapelle du château de Losange et appartenaient à madame la Comtesse Vandensteen de Jehay (dame d’honneur de la reine Elisabeth). Sur la chaire de vérité, un st Luc en relief (18e siècle). Les fonts baptismaux sont constitués d’une pierre d’une seule pièce. Une plaquette mentionnant la première communion et la communion solennelle de la reine Mathilde est apposée sur un des murs intérieurs de l’église.
Saint Lambert est né à Maastricht, dans une famille aristocratique. Ses parents étaient chrétiens à une époque où le paganisme était encore fort vivace. Ils firent donner à leur fils une instruction soignée et fut confié dès sa jeunesse à saint Théodard, évêque de Tongres. A la mort de celui-ci, il fut désigné par le peuple et approuvé par Childéric II pour lui succéder. Mais des intrigues politiques le relèguent pour quelques temps à l’abbaye de Stavelot. C est Pépin de Herstal qui le rétablit dans ses droits et sur son siège. Ses réprimandes et ses reproches aux gens de mauvaise vie lui amèneront des ennemis et il tomba sous les coups de lâches assassins , au hameau de Liège vers 705. Son corps d’abord enterré à Maastricht fut ramené à Liège par saint Hubert. Saint Lambert est fêté le 17 septembre.